À Miami Beach, l’élégance italienne trouve un nouveau terrain de jeu : l’art contemporain. La maison Zegna, désormais partenaire officiel d’Art Basel, y déploie une vision où la couture rencontre l’engagement social. Une collaboration qui refuse le simple vernis esthétique pour interroger ce que le luxe peut encore dire — et montrer.
Dans le tumulte solaire d’Art Basel Miami Beach, un nom détonne au milieu des galeries : Zegna. La maison italienne, forte d’un partenariat pluriannuel officialisé en 2025, s’installe dans les coulisses du plus grand rendez-vous mondial de l’art contemporain. À Miami, comme à Bâle ou Hong Kong, elle entend tisser un dialogue durable entre mode, culture visuelle et conscience sociale. Ce pas vers l’art ne sort pas de nulle part. Dès les années 1920, Ermenegildo Zegna invitait des artistes à embellir Trivero, son territoire d’origine, jetant les bases de ce qui deviendra l’Oasi Zegna, immense laboratoire de nature et de création. Le partenariat avec Art Basel s’inscrit ainsi dans une généalogie où le vêtement n’est jamais découplé du geste artistique.
Au cœur de cette alliance, le programme Visible, développé avec la Fondazione Zegna et la Cittadellarte – Fondazione Pistoletto, fait office de manifeste. Il soutient des artistes dont la pratique s’empare de thèmes sociaux ou environnementaux, loin des œuvres-polaroïds calibrées pour Instagram. Les “Visible Situated Fellowships”, remises lors des différents salons, mettent en lumière des collectifs qui interrogent les fractures contemporaines, justice sociale, mémoire, identités mouvantes. En creux, Zegna affirme une conviction : le luxe peut devenir un vecteur de responsabilité et non un simple miroir.
Miami Beach 2025 : une scène entre mer, merino et conscience
À Miami Beach, la présence de la maison se traduit moins par une inflation de logos que par des gestes choisis, de la distribution de tote bags co-brandés dans les hôtels partenaires à des activations discrètes mais pensées comme des conversations avec les visiteurs. Autrement dit, Zegna joue la carte de la nuance, loin des collabs tonitruantes et des vitrines saturées de storytelling. Dans un salon où les yachts rivalisent avec les installations monumentales, la marque italienne préfère murmurer plutôt que crier — et c’est peut-être là que réside sa singularité.
Reste que cette incursion dans l’art contemporain pose une question : que gagne une maison de luxe à s’aventurer sur ce terrain politique, parfois abrasif ? D’un côté, la tentation cynique d’y voir une stratégie de soft power pourrait pointer. De l’autre, Zegna semble réellement renouer avec l’intuition fondatrice d’une mode qui dépasse la surface. En choisissant Miami Beach comme scène d’expression, elle embrasse un paradoxe fécond : faire d’un costume une porte d’entrée vers l’engagement, d’un salon glamour un espace de réflexion.
Et quand l’élégance italienne se permet cette mise en abyme, c’est toute la foire qui gagne un peu de profondeur — même sous le soleil implacable de Floride.







