Après une édition 2025 encore gravée dans les muscles et les mémoires, We Love Green revient en 2026 avec une programmation si vaste qu’elle semble vouloir englober tout ce que la musique contemporaine produit de visionnaire. Toujours fidèle à son ADN — un parc, un public et une idée lumineuse de la fête — le festival imagine cette année un espace où les émotions circulent librement, où l’on danse, où l’on pense, où l’on se rencontre. Bref : un lieu pour reconnecter le monde autrement, le temps d’un week-end.
D’abord, il y a ce fil rouge revendiqué : We Love Green remet l’humain au centre, comme si un festival pouvait redevenir un aimant, un endroit où l’on dépose ses solitudes pour les voir se mêler aux autres. Ce principe simple infuse toute la programmation 2026, pensée comme un va-et-vient entre introspection et explosion collective.
“In My Room / In My Head” sans Coldplay
D’un côté, la scène “In My Room / In My Head” déroule une galerie d’artistes capables d’éclairer le dedans : Mac DeMarco, éternel prince du chill, revient avec ses riffs en claquettes philosophiques ; Oklou continue de flotter au-dessus du réel avec sa pop spectrale ; The XX, après leurs échappées solitaires, retrouvent leurs ombres partagées pour herald un album 2026 très attendu ; Ethel Cain, icône gothico-americana, tisse déjà la bande-son des routes poussiéreuses ; et Feu! Chatterton convoque poésie, souffle et élégance dans un rock qui ne ressemble qu’à lui. Dans ce même mouvement, l’étoile montante NeS confirme que la profondeur peut rimer avec succès, entre boom bap et honnêteté frontale.
Mais voilà : à la différence d’autres rendez-vous, We Love Green sait aussi faire battre les nuits. La section “In the Club” carbure à l’énergie pure, et dessine un panorama électro d’une rare ampleur. Les danseurs impatients repéreront déjà la moustache prophétique de Dom Dolla, la techno souveraine de Charlotte de Witte, ou l’ascension fulgurante de Theodora — première artiste invitée deux années de suite, signe d’un amour réciproque. Les pulsations continuent avec Jeune Morty et son rap survolté, l’hybride inclassable ¥ØU$UK€ ¥UK1MAT$U, les sets acides de KI/KI, la précision d’Overmono, les transes colorées de DJ Heartstring, ou l’éclectisme gracieux d’une DJ Gigola qui refuse tout enfermement. De Berlin à Madrid, de Tokyo à Paris, c’est un véritable atlas des nuits mondiales qui s’écrit ici, jusqu’au b2b fiévreux entre Bambounou et HAAi, fresque dansée à elle seule.
Pour autant, We Love Green ne fonctionne pas qu’à l’adrénaline : il s’autorise aussi un battement plus sentimental, baptisé “In Love”, la zone des émotions à ciel ouvert. La pop brillante d’Addison Rae, l’élégance instinctive de Charlotte Cardin, l’audace électrique de Jim Legaxcy, l’insolence joyeuse de Marguerite, les vertiges multicolores de Rusowsky, ou le retour solaire d’Hayley Williams composent un programme où l’intime trouve mille formes. À cela s’ajoutent la douceur cosmique de Sébastien Tellier, les métamorphoses de Sudan Archives, et les uppercuts soul de Little Simz. Et puis, en sommet de ce triangle amoureux-musical, un monstre sacré : Gorillaz, dont le carnaval sonore et visuel promet de transformer le parc en laboratoire pop.
Pourtant, au fond, le véritable tour de force tient dans cette manière de faire cohabiter tout un paysage musical sans le diluer : du rock introspectif à la techno futuriste, du R&B mutant à la pop maximaliste, We Love Green 2026 ressemble à une carte du monde rêvée, où chacun trouve sa latitude. Le festival envoie d’ailleurs un clin d’œil aux impatients : la billetterie ouvre le 11 décembre à 18 h sur AXS — moment précis où Paris risque, encore une fois, de s’enflammer pour un week-end qui promet de dépasser la réalité.
Reste à savoir si le parc survivra à tant d’émotions, mais ça, c’est une autre histoire — verte, évidemment.
We Love Green – du 5 au 7 juin 2026 – Paris, Bois de Vincennes – Infos et billetrie
