Le créateur américain Tom Ford troque la soie contre la soif de cinéma. Selon plusieurs médias spécialisés, dont Le Journal du Luxe, il préparerait une adaptation du roman Cry to Heaven d’Anne Rice, fresque baroque sur les castrats et la vengeance dans l’Italie du XVIIIᵉ siècle. Un projet qui, s’il se confirme, promet un mariage étincelant entre sensualité visuelle et tragédie lyrique.
Publié en 1982, Cry to Heaven raconte l’histoire de Tonio, jeune aristocrate vénitien trahi par son frère, mutilé, puis recueilli par un ancien chanteur devenu maître. Peu à peu, Anne Rice y déploie un monde de passion et d’ambiguïté, où la beauté se paie au prix du sang. Pour Tom Ford, ce récit est un écrin parfait : un univers d’art et de douleur, où le sublime flirte avec le scandale. Après A Single Man (2009) et Nocturnal Animals (2016), le cinéaste-styliste semble donc prêt à explorer à nouveau la beauté blessée, le désir interdit et la théâtralité du pouvoir.
L’esthétique Ford, entre velours et vengeance
Dès lors, le décor promet d’être somptueux : Venise, Naples, les ors du XVIIIᵉ siècle… autant de toiles parfaites pour son sens aigu de la composition. Ford, maître du cadrage et du costume, pourrait bien faire du film une œuvre d’art totale — un opéra de chair et d’or. Chez lui, chaque plan devient couture : le velours d’une ombre, la soie d’un regard, la brisure d’une voix. D’un autre côté, l’univers des castrats — ces artistes sacrifiés sur l’autel de la beauté — offre un miroir saisissant à son obsession pour la perfection et la perte. Ainsi, entre l’éclat et la blessure, Ford semble vouloir capter la beauté dans sa fragilité la plus pure.
Adèle signe ici son tout premier rôle au cinéma. À ses côtés, Tom Ford orchestre un casting ultra-désirable : Hunter Schafer, George MacKay, Théodore Pellerin, Lux Pascal, et la révélation de la série Adolescence, Owen Cooper. Le réalisateur retrouve aussi quelques visages iconiques de son univers, dont Nicholas Hoult, Colin Firth et Aaron Taylor-Johnson. Actuellement en préproduction entre Londres et Rome, le film devrait passer devant la caméra dès le début de l’année prochaine, pour une sortie annoncée à l’automne 2026 — un rendez-vous déjà très attendu.
Anne Rice, la voix du gothique éternel
Romancière culte de la littérature fantastique américaine, Anne Rice (1941-2021) a marqué plusieurs générations avec ses Chroniques des vampires, inaugurées par Entretien avec un vampire (1976). Au fil des décennies, elle a bâti un univers où la foi, le corps et la transgression s’entremêlent.
Avec Cry to Heaven, elle signait déjà l’un de ses récits les plus singuliers : une fresque lyrique sur la beauté comme malédiction et la douleur comme prière. En définitive, sa voix continue de résonner — quelque part entre les cathédrales et les écrans — rappelant que le sublime naît souvent de la blessure.







