De New York à Las Vegas, le duo américain continue de brouiller les frontières entre EDM et mélancolie pop.
“We always wanted to make people dance — and feel something real at the same time.” – Newcity Music, février 2024
New York, les débuts et la brûlure du succès
Au départ, il n’y avait qu’un laptop, un rêve américain et un goût immodéré pour la fête. The Chainsmokers, composé de Alex Pall et Drew Taggart, se forme à New York au début des années 2010. Dans un univers où les clubs dictent encore la loi, leur énergie commune fait des étincelles. #Selfie (2014) devient viral, symbole d’une génération ironique et hyperconnectée. Mais derrière l’humour, un talent brut : celui de transformer les émotions fugaces de la nuit en refrains universels.
La ville offre tout et consume à la fois. Le duo s’impose dans le sillage de l’explosion EDM, enchaînant les hits calibrés pour les stades. Pourtant, dès Roses et Don’t Let Me Down, une autre dimension s’installe : les textures deviennent plus sensibles, les voix plus humaines. Dans un paysage saturé d’adrénaline, The Chainsmokers glissent une forme de nostalgie presque fragile. Quand Closer (2016) explose, c’est un tournant. Leur musique parle d’amours manqués, de jeunesse égarée, de cette mélancolie qui rôde après la fête. Le succès est planétaire, mais le vertige n’est jamais loin. Sous les néons et les confettis, le duo s’interroge : comment rester sincère dans un monde obsédé par la performance ?
À mesure que la décennie avance, leur son se teinte d’ombres. Presque imperceptiblement, la pop électronique se mue en miroir : reflet d’une génération qui danse pour oublier. Cette tension entre le spectaculaire et l’intime devient leur marque. Drew chante de plus en plus, Alex s’efface derrière les machines — équilibre fragile entre lumière et retrait. Le duo semble jouer avec sa propre image : celle de stars des festivals qui préfèrent désormais la vérité des studios.
L’Amérique, la scène, et la réinvention
Depuis Las Vegas, siège de leur résidence quasi-permanente, The Chainsmokers réécrivent leur histoire. Moins d’effets, plus de substance. Leur nouveau projet, Breathe (2025), assume la maturité sans renoncer à l’énergie. Les synthés y respirent, les refrains laissent place au silence, à la nuance. Une façon de dire que la fête peut aussi être un acte de mémoire.
À travers leurs collaborations et visuels léchés, ils cultivent l’imaginaire américain contemporain : la route, les néons, la promesse d’une nuit sans fin. Pourtant, sous la surface, il reste une vulnérabilité touchante. Les mots parlent de fuites, de recommencements, de ce besoin constant de se réinventer pour ne pas s’effondrer. Leur influence s’étend désormais bien au-delà de la scène EDM. Entre pop alternative et songwriting mélancolique, ils ont trouvé leur zone grise — un territoire où l’émotion prime sur la tendance. Là où la nostalgie devient moteur, non fardeau.
Un secret bien gardé
Derrière les paillettes et les chiffres, il y a une sincérité rarement soulignée. The Chainsmokers ont grandi sous les projecteurs, mais ils ont su préserver une forme de pudeur artistique. Chaque single est une confession voilée, chaque beat un battement de cœur. Leur succès ne tient pas seulement à l’efficacité de leurs refrains, mais à cette faculté de relier deux mondes : celui de la fête et celui du doute. C’est là que réside leur singularité — dans cet entre-deux où la musique électronique devient récit, presque autobiographie.
Ils continuent aujourd’hui d’expérimenter, d’ouvrir leur label, de produire pour d’autres. Comme s’ils cherchaient, encore et toujours, une forme de vérité sonore. Dans un univers où tout s’oublie vite, The Chainsmokers persistent à vouloir durer — et à nous rappeler que derrière chaque drop, il y a une émotion à nu.
🗂 Informations pratiques
The Chainsmokers : Breathe (Seconhands Happiness – Columbia records – Sony music) – Sortie le 24 octobre 2025
Site officiel : thechainsmokers.com – Instagram officiel : @thechainsmokers







