Accueil / Mode & Disorder / PlayStation x Reebok : L’art de transformer la nostalgie en objet de désir

PlayStation x Reebok : L’art de transformer la nostalgie en objet de désir

Il existe des collaborations qui naissent d’une logique purement commerciale, et puis il y a celles qui vous prennent aux tripes — ou, plus précisément, qui vous rappellent cette sensation unique d’allumer une console pour la première fois, les doigts tremblants d’impatience, le cœur battant à l’unisson des bips du démarrage. La collection PlayStation x Reebok, dévoilée à l’occasion des 30 ans de la console mythique, appartient sans conteste à cette deuxième catégorie.

Ici, on ne vend pas simplement des baskets. On vend un morceau d’enfance, soigneusement emballé dans du gris anthracite et des détails qui sentent le plastique des années 90, le soda renversé sur les tapis, et ces après-midis interminables passés à explorer des mondes pixelisés. Une opération nostalgie, donc, mais une nostalgie intelligente, qui mise sur l’émotion sans tomber dans le piège du kitsch facile.

Trois paires, trois histoires, un même héritage

Reebok et PlayStation ont choisi de célébrer leur anniversaire commun en puisant dans leurs archives respectives, comme on feuillette un album photo jauni. Résultat : trois modèles, trois pays, trois époques — une trilogie qui raconte, à sa manière, l’aventure d’une console devenue phénomène culturel.

1. Le InstaPump Fury 94 – Japon (1994) : L’hommage aux pionniers

C’est le modèle qui ouvre le bal, et pas par hasard. Le Japon, terre natale de la PlayStation, se voit offrir une InstaPump Fury 94, une silhouette déjà culte en son temps, revisitée avec une élégance presque archéologique. La basket, d’un gris minéral inspiré de la coque originale de la console, cache des trésors de détails :

  • Une languette en forme de carte mémoire, ce petit rectangle de plastique qui a vu défiler nos sauvegardes de Final Fantasy et nos parties de Tekken acharnées.
  • Un pump ball estampillé “Press Play”, clin d’œil malicieux à l’ère où appuyer sur un bouton suffisait à déclencher l’aventure.
  • À l’intérieur, une date gravée : “1994年12月3日”, le jour où tout a commencé. Comme un tatouage discret, un rappel que cette basket n’est pas qu’un accessoire, mais un artefact.

Pourquoi ce modèle ? Parce que la InstaPump Fury, lancée la même année que la PS1, incarne l’audace technologique de l’époque — tout comme la console, qui a osé défier Nintendo et Sega. Porter cette paire, c’est un peu comme arborer un morceau d’histoire du gaming. Ou, pour les moins romantiques, un accessoire qui fera jalouser les puristes en convention rétro.

2. Le Pump Omni Zone II – États-Unis (1995) : L’Amérique et son amour du spectacle

Aux États-Unis, où la PlayStation a débarqué en septembre 1995, c’est le Pump Omni Zone II qui prend le relais. Ici, le gris s’enrichit de touches colorées — bleu, rouge, jaune, vert, les couleurs des boutons mythiques — et de lacets à embouts métalliques, évoquant les câbles des manettes qui s’emmêlaient inévitablement derrière le téléviseur. La semelle, légèrement jaunie, imite à la perfection le vieillissement du plastique, comme si ces baskets avaient passé deux décennies dans le grenier d’un gamer passionné.

Le détail qui tue : les lacets interchangeables, dont l’un reprend le motif des câbles de manette. Parce que rien ne dit “je suis un vrai” comme un accessoire qui rappelle les joies (et les frustrations) du gaming analogique.

3. Le Workout Plus – Royaume-Uni (1995) : Le minimalisme britannique

Pour le Royaume-Uni, Reebok a opté pour un modèle plus épuré, le Workout Plus, mais toujours imprégné de l’ADN PlayStation. La date du 29 septembre 1995, jour de la sortie britannique, est discrètement imprimée à l’intérieur, comme un secret partagé entre initiés. Les boutons de la manette sont stylisés sur les œillets, et le logo PlayStation trône, discret mais incontestable, sur le côté. C’est la paire la plus sobre de la collection, mais aussi la plus versatile — celle que vous pourrez porter sans avoir l’air de sortir d’un musée du jeu vidéo.

Un packaging à la hauteur de l’événement Chaque paire arrive dans une boîte conçue pour évoquer l’emballage original de la PlayStation : gris, sobre, intemporel. Le genre de packaging que vous hésiterez à jeter, tant il semble faire partie intégrante de l’objet. Et puis il y a cette semelle extérieure, volontairement patinée, qui donne l’impression que ces baskets ont déjà vécu mille vies — ou au moins, quelques parties endiablées de Crash Bandicoot.

Pour qui sont faites ces baskets ?

  • Les nostalgiques invétérés : Ceux qui conservent leur PS1 dans un coin, “au cas où”, et qui ont encore les réflexes de Konami Code gravés dans les doigts.
  • Les sneakerheads en quête de rareté : Avec des drops limités à chaque région, ces modèles sont destinés à devenir des pièces de collection. À moins que vous ne préfériez les porter, au risque de les user — ce qui, avouons-le, ajouterait une couche de légitimité à votre passion.
  • Les amateurs de design intelligent : Parce que Reebok a réussi l’exploit de créer des baskets qui parlent aux gamers sans hurler. Pas de motifs tape-à-l’œil, pas de surcharge graphique — juste des clins d’œil subtils, comme une conversation entre initiés.
  • Les ironistes assumés : Ceux qui achèteront la paire japonaise pour la revendre trois fois son prix, tout en prétendant mépriser le capitalisme des collaborations. (On vous voit.)

Une collaboration qui pose la question : la nostalgie est-elle un marché ou une émotion ?

À l’ère où les marques surfent allègrement sur nos souvenirs d’enfance, on pourrait craindre le pire : un produit cynique, conçu pour vider nos portefeuilles en jouant sur nos cordes sensibles. Pourtant, le PlayStation x Reebok échappe (presque) à ce piège. Pourquoi ? Parce que chaque détail semble pensé avec amour — ou, à défaut, avec une connaissance fine de ce qui a fait vibrer une génération.

Prenez la tongue en forme de carte mémoire : ce n’est pas qu’un gadget. C’est une métaphore. Une carte mémoire, c’est fragile, précieuse, remplie de données inestimables. Tout comme nos souvenirs de gamin, d’ailleurs. Et si ces baskets sont bel et bien un produit commercial, elles ont au moins le mérite de ne pas trahir l’esprit de ce qu’elles célèbrent.

Le seul vrai défaut ? Leur prix. Entre 150£ pour le Workout Plus et ¥37,000 (soit environ 230€) pour l’InstaPump Fury, on frôle l’investissement émotionnel — et financier. Mais après tout, combien coûte un voyage dans le temps ?

Et maintenant, on fait quoi ?

Les sneakers seront disponibles mi-octobre, en édition ultra-limitée. Si vous voulez mettre la main sur une paire, mieux vaut vous préparer :

  • Japon : Sortie chez Beams le 24 octobre.
  • États-Unis : Raffle sur CNCPTS à partir du 17 octobre.
  • Royaume-Uni : Date à confirmer, mais les stocks promettent d’être aussi rares qu’une cartouche de EarthBound en parfait état.

Alors, prêt à sauter le pas ? Ou allez-vous vous contenter de regarder les photos en soupirant, comme on feuillette un album dont on ne fait plus tout à fait partie ?

Répondre

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *