Il était une fois un modeste gâteau chinois, rond comme la pleine lune et garni de pâte de haricots rouges. On le dégustait en famille pour célébrer la Fête de la mi-automne. Symbole de partage, d’harmonie et de douceur sucrée. Mais en 2025, le mooncake a changé de statut : de pâtisserie populaire, il est devenu accessoire de luxe. Aussi désiré qu’un sac Prada ou une montre Rolex.
Les grandes maisons et les palaces se sont engouffrés dans la tendance, transformant ce biscuit en produit marketing haut de gamme. Chez Prada, il existe en version pastel, parfumé à l’osmanthe ou au jasmin. L’emballage, plissé et raffiné, évoque les codes de la marque. Louis Vuitton propose des coffrets collector aux saveurs monogrammées : lotus, chocolat, taro. Ralph Lauren ose, lui, une boîte en forme de cabine téléphonique, clin d’œil à l’objet de collection qu’il est devenu.
Mooncakes ? Business, business
Le marché suit la folie. En 2025, il pèse 2,46 milliards de dollars, avec une croissance annuelle prévue de 3,3 %. Le mooncake est désormais une véritable mine d’or pour le luxe. Les packagings, autrefois simples, sont devenus des œuvres d’art en soie, velours ou laque. Certains intègrent des tiroirs dorés dignes d’un coffret à bijoux. Une étude indique que la demande pour ces emballages a bondi de 37 % en quelques mois. Preuve que le contenant prime souvent sur le contenu.
Ironie du sort : ce gâteau jadis critiqué pour son excès de sucre devient aujourd’hui symbole de “healthy” et d’éthique. Les versions vegan, sans gluten ou bio se multiplient. Les marques vantent des packagings recyclables et une traçabilité blockchain. Paradoxe ultime : certains mooncakes coûtent plus cher qu’un dîner étoilé.
Et voici l’Occident. Longtemps cantonnés à l’Asie, les mooncakes s’imposent en Europe et en Amérique du Nord. Une clientèle avide d’exotisme et d’images parfaites sur Instagram les adore. Résultat : des versions “fusion” – mooncake-tiramisu, mooncake-macaron – séduisent les jeunes gourmets. Les grands-mères chinoises, elles, en resteraient probablement sans voix.
Alors, face à cette démesure, une question s’impose : pourquoi ne pas faire son propre mooncake ? Il suffit de farine, de pâte de lotus et d’un jaune d’œuf salé. Ajoutez un moule à motifs traditionnels et un peu de patience. Le résultat : un gâteau aussi savoureux que ceux des grandes marques, sans devoir justifier son prix.
Et si on en faisait nous-mêmes ?
Payer 100 € un mooncake ? Un peu exagéré. Voici une recette traditionnelle revisitée : parfaite pour briller en société… ou se consoler après avoir goûté celui de Prada.
Mooncake aux haricots rouges et lotus (pour 6 gâteaux)
Ingrédients :
- Pour la pâte :
- 200 g de farine
- 120 g de sirop de sucre inverti (ou miel)
- 60 g d’huile végétale
- 1 c. à café de levure chimique
- 1 c. à soupe de lait
- Pour la garniture :
- 300 g de pâte de haricots rouges ou de lotus (en magasin asiatique)
- 6 jaunes d’œufs de cane salés (optionnel, pour les puristes)
- Pour la dorure :
- 1 jaune d’œuf + 1 c. à soupe d’eau
Étapes :
- Préparer la pâte : Mélanger la farine, le sirop, l’huile, la levure et le lait jusqu’à obtenir une boule homogène. Filmer et laisser reposer 1h.
- Façonner les mooncakes : Diviser la pâte en 6 parts. Étaler chaque part, y déposer une boule de garniture (avec un demi-jaune d’œuf salé si vous osez), refermer et rouler en boule.
- Mouler : Presser chaque boule dans un moule à mooncake (disponible en ligne) pour graver les motifs traditionnels.
- Cuisson : Badigeonner de dorure, enfourner à 180°C pendant 15-20 min jusqu’à ce que la croûte soit doréecerfdellier.com+1.
Astuce pro : Pour une version “luxe maison”, ajoutez une touche de fleur d’oranger ou de rhum dans la pâte. Et emballez-les dans une boîte en carton doré – ça fera son petit effet.
