MAYHEM n’a qu’un an, mais déjà il brûle comme un rappel : Lady Gaga n’est jamais vraiment là où on l’attend. Après des années de métamorphoses — pop baroque, disco thérapeutique, jazz d’élégance — elle revient en 2025 avec un album qui claque comme un coup de talon métallique sur le sol d’un laboratoire futuriste. MAYHEM, c’est le chaos orchestré, la beauté qui mord, l’énergie brute transformée en spectacle. Entre les déflagrations électro-industrielles et les pulsations charnelles, il se glisse une émotion presque animale : un cri de création, urgent, incandescent. Le cocktail qui en naît ne pouvait être qu’un éclair, une potion de verre prête à déborder, une gorgée de tumulte contrôlé.
L’ère MAYHEM : quand Gaga choisit la déflagration
En 2025, Lady Gaga revient armée de sons métalliques, de synthés qui grincent comme des engrenages trop lubrifiés, d’une production dense et moite où l’on retrouve la Gaga des clubs new-yorkais, mais filtrée à travers un prisme futuriste. Dans MAYHEM, elle est une cyborg vulnérable mais indestructible, mi-créature mi-artiste, qui brandit ses démons comme des trophées. Les thèmes tournent autour de la transformation, de la rage qui libère, de la sensualité qui frôle le danger, et sa voix, acérée puis soudain caressante, donne l’impression qu’une étincelle pourrait mettre feu à la pièce. La couleur de l’album oscille entre le rouge incandescent et le violet électrique, comme du chrome liquide sous une lumière d’urgence, et la sensation globale est une montée d’adrénaline juste avant de sauter dans la foule.
Faire basculer MAYHEM dans un verre
Pour transposer cette déflagration dans un verre, il fallait un alcool qui frappe et s’embrase : la tequila blanche, vive, cristalline, tranchante comme un laser. Autour, des éléments pour traduire le chaos brillant de l’album : hibiscus pour la couleur sanglante et profonde, piment infusé pour la décharge électrique, citron vert pour l’acidité qui secoue, sirop de myrtille noire pour les ombres violettes qui glissent dans les basses. Et, comme un clin d’œil à la Gaga-machine, un trait d’argent comestible pour rappeler le chrome et les reflets métalliques de l’ère MAYHEM. Dans le shaker, ces ingrédients deviennent fragments de chansons : on secoue jusqu’à ce que le cœur mécanique pulse et que le chaos devienne liquide.
Le cocktail : CRIMSON CHAOS
On prépare un verre old fashioned, scène neutre prête à être envahie. La tequila rencontre l’hibiscus infusé, le citron vert tranche dans le mélange comme un flash, le piment apporte une chaleur dangereuse et le sirop de myrtille noire épaissit l’ensemble d’une ombre violette. On secoue fort, très fort, jusqu’à sentir la glace frapper les parois comme un rythme industriel. Lorsque l’on verse, le liquide apparaît rouge sombre tirant vers le violet, strié d’une légère trace d’argent comestible qui file comme une étincelle. Un minuscule éclat de piment séché posé sur le bord du verre devient la signature du danger maîtrisé.
Boire le chaos
La première gorgée est une explosion : acidité, chaleur, couleur. La montée est rapide, presque animale. Puis la tequila se fait plus ronde, la myrtille adoucit les angles et l’on retrouve cette douceur inattendue que Gaga laisse respirer entre deux décharges sonores. En finale, le piment revient comme une morsure, l’hibiscus laisse une note florale sombre, et l’ensemble reste en bouche comme un velours brûlé. On le boit à mi-album, lorsque MAYHEM atteint son point d’ébullition, dans une lumière rouge métallique, avec la sensation d’être au bord de quelque chose de grand, de dangereux, mais nécessaire. CRIMSON CHAOS n’est pas qu’un cocktail : c’est une décharge, une extension de l’album, une manière de suivre Gaga dans sa danse d’acier sans jamais détourner le regard.
Lady Gaga : MAYHEM (Interscope records)







