Dans un atelier madrilène où la lumière tombe sur des peaux épaisses et des gestes précis, Loewe construit depuis près de deux siècles une vision du vêtement ancrée dans la matière. Un luxe qui s’exprime par le travail du cuir, la coupe nette et une modernité toujours maîtrisée.
Loewe naît en 1846 à Madrid, dans un atelier de maroquinerie fondé par un collectif d’artisans avant d’être repris par Enrique Loewe y Roessberg. Le cœur du projet repose alors sur la maîtrise du cuir, un savoir-faire qui va devenir la signature durable de la maison. Au début du XXᵉ siècle, Loewe reçoit le titre de fournisseur officiel de la Cour d’Espagne, renforçant un positionnement basé sur la qualité et la longévité. La marque se développe lentement mais solidement, en installant une image fondée sur l’artisanat plutôt que sur le spectaculaire. L’intégration au groupe LVMH en 1996 marque une étape clé : la maison élargit ses ambitions, modernise son image et prépare le terrain pour l’arrivée de Jonathan Anderson comme directeur artistique en 2013, un tournant qui va redéfinir sa silhouette contemporaine.
Origines d’un geste
Les premières décennies de Loewe se construisent autour du cuir madrilène : coffrets rigides, sacs de voyage, accessoires travaillés dans des peaux sélectionnées pour leur densité et leur tenue. Ce rapport au matériau s’inscrit au cœur de l’ADN de la maison.
Dans les années 1970, l’artiste Vicente Vela dessine l’anagramme à quatre L, rapidement adopté comme emblème. Il apparaît sur des sacs, des ceintures, des carnets, et installe Loewe dans une modernité graphique qui accompagne son internationalisation. Au fil du temps, plusieurs directeurs créatifs tentent de faire évoluer la grammaire visuelle de la marque, mais c’est vraiment sous Jonathan Anderson que Loewe parvient à articuler son héritage artisanal avec un sens fort de l’expérimentation. Le passé ne sert alors plus de décor ; il devient une ressource vivante qui nourrit des pièces pensées pour durer.
L’atelier comme langage
Chez Loewe, tout commence par la matière. Les cuirs nappa, le veau box, les peaux souples destinées aux sacs ou aux manteaux sont travaillés avec une attention qui dépasse la surface : il s’agit de garantir un tombé stable, une tenue précise, un vieillissement harmonieux. Le prêt-à-porter suit cette même logique. Les manteaux en drap de laine coupés net, les pantalons à plis marqués, les pulls en maille sèche traduisent une volonté de construire la silhouette à partir de la technique.
Le Puzzle, créé en 2014, illustre bien cette démarche. Découpé en panneaux géométriques assemblés à la main, il s’impose comme une étude du volume et du pliage. Il ouvre la voie à d’autres pièces emblématiques, comme le Gate ou l’Hammock, qui explorent les capacités du cuir à se transformer. Sous Anderson, l’atelier devient un laboratoire où la tradition n’entrave pas l’innovation. Les collections mettent en scène des textiles bruts, des volumes sculptés, des finitions visibles. Le vêtement n’est jamais décoratif : il s’appuie sur une construction rigoureuse, lisible, assumée.
Loewe occupe aujourd’hui une position singulière dans le luxe. La marque combine une identité artisanale clairement identifiable avec une lecture très contemporaine de la silhouette. Les boutiques de Paris, Tokyo ou New York mettent en avant cette double identité : matières nobles, espaces lumineux, présence d’œuvres d’art que la maison sélectionne ou produit.
La fondation Loewe, très active, renforce ce lien entre mode et création visuelle. Le Prix International d’Artisanat, lancé en 2016, est devenu un repère pour comprendre l’importance que la marque accorde à la main, au geste, à la fabrication. Sur les réseaux et dans les campagnes, les pièces Loewe se repèrent par leur ligne : un sac porté près du corps, une veste en cuir à la coupe stable, une robe drapée qui suit le mouvement sans l’alourdir. La marque ne cherche pas à saturer l’image : elle avance avec un vocabulaire cohérent, immédiatement identifiable.
Comment porter Loewe ?
Porter Loewe signifie privilégier la tenue et la matière. Les sacs structurés, comme le Puzzle ou le Gate, s’intègrent dans un usage quotidien : ils accompagnent les déplacements, les journées longues, les trajets rapides. Les manteaux droits, souvent en laine épaisse ou en cuir souple, conviennent aux matins froids comme aux soirées. Les pièces Loewe fonctionnent bien dans des silhouettes nettes : un pantalon légèrement ample, une chemise claire, une maille fine. La marque s’exprime dans les détails : un pli marqué, une couture apparente, un cuir qui prend la lumière sans briller. Elle convient aux situations où l’on cherche une présence stable : un rendez-vous, un voyage, une journée de travail où l’on traverse plusieurs espaces. Loewe accompagne sans attirer l’attention, mais installe une assurance silencieuse, nourrie par le savoir-faire de ses ateliers.
Loewe construit une vision du luxe fondée sur la continuité du geste. Le cuir, la coupe, la fabrication deviennent les fondations d’une silhouette contemporaine qui ne cherche pas la démonstration. Une maison qui avance avec précision, portée par plus de 175 ans d’artisanat, et qui trouve aujourd’hui sa force dans un équilibre rare : celui d’un vêtement qui dure, qui s’affirme par sa matière, et qui s’inscrit naturellement dans le présent.







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