Avec Le Conte des Merveilles, Guerlain transforme le calendrier de l’Avent en objet narratif. Un livre rouge profond, des tiroirs comme autant de chapitres, et chaque matin de décembre une miniature qui semble souffler la promesse d’un monde plus doux. À mi-chemin entre rituel intime et fable parfumée, la maison offre une lecture enchantée de l’attente — sans jamais tomber dans le simple gadget festif.
Un livre qui s’ouvre comme un sortilège
D’abord, il y a cette silhouette imposante : un volume rouge écarlate, orné d’or et illustré par l’artiste papier Mélissandre Vidal. Le coffret ressemble à un conte ancien que l’on garderait au chevet pour rêver un peu plus longtemps. En l’ouvrant, 25 tiroirs apparaissent, chacun promis à un secret : un parfum miniature, un soin, une bougie, parfois un accessoire. Une scénographie pensée comme une déambulation, presque muséale, où l’on revient chaque matin à la même heure, un peu comme on replonge dans un chapitre préféré.
Ensuite, il y a le geste. Soulever une case, refermer le coffret, sentir déjà un parfum dans l’air : autant de petites actions qui renouent avec un luxe non tapageur, presque méditatif. Ici, point de technologie ni d’effets de manche, mais un retour à la sensation, au papier, à la surprise.
Un récit parfumé, en 25 épisodes
Guerlain ne joue pas seulement la carte du grandiose ; la maison compose une véritable anthologie miniature. Mini-flacons de collections iconiques, soins choisis parmi les lignes les plus raffinées, touches de maquillage, bougies parfumées : l’ensemble forme un kaléidoscope de l’esthétique Guerlain.
Pourtant, l’objet échappe à la logique d’accumulation. Il ressemble davantage à une promenade quotidienne, une manière de ralentir dans une période où tout s’accélère. Le calendrier devient alors un compagnon de saison, un rituel poétique qui remet un peu de douceur dans l’attente.
Une délicatesse plutôt qu’un spectaculaire
La réussite du Conte des Merveilles tient à cette retenue. Malgré son allure théâtrale, le coffret ne cherche pas à impressionner : il invite à regarder de près. Le détail d’une illustration, le grain du papier, la manière dont l’or attrape la lumière… On s’approche de l’objet comme on feuillette un ouvrage d’art.
Dans une époque obsédée par l’instantané, ce calendrier propose l’inverse : la patience, le plaisir du jour-par-jour, la magie lente. Une sophistication discrète qui rappelle qu’un beau geste peut valoir un long discours.
Guerlain, un univers en clair-obscur
Depuis 1828, Guerlain poursuit une même quête : allier la nature, la chimie poétique des parfums et l’élégance du geste. Son univers, à la fois patrimonial et profondément contemporain, oscille entre histoire et métamorphose — du flacon Abeille, devenu icône, aux formules olfactives qui mêlent tradition et innovation. On retrouve dans Le Conte des Merveilles cette signature : un imaginaire où les abeilles, le papier, l’or et les notes parfumées ne sont jamais de simples ornements, mais les fragments d’une fable en mouvement.
En somme, Guerlain ne raconte jamais seulement un parfum. Elle raconte un monde.
Guerlain : Calendrier de l’Avent, Le Conte des Merveilles – 620 euros
