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Florence + The Machine, Everybody Scream : Renaissance flamboyante et cri d’âme

Avec Everybody Scream, Florence Welch transforme la douleur en or. Sorti le 31 octobre 2025, ce sixième album navigue entre confession mystique, baroque pop et renaissance féminine. Un disque cathartique, intense et spectral, où chaque cri devient prière.

L’appel du corps et du cœur

Dix-sept ans après Lungs, Florence Welch brûle toujours. Avec Everybody Scream, elle signe un retour charnel, instinctif, hanté de lumière. Sa voix, toujours aussi ample, cherche moins à séduire qu’à purifier. Entre rituels sonores et confession intime, l’album se dresse comme une cathédrale vibrante, traversée d’espoir et de fureur.

Depuis ses débuts, Welch reste une figure à part. Guerrière et mystique, elle mêle énergie brute et poésie céleste. De Ceremonials à Dance Fever, elle a bâti un univers viscéral et flamboyant. Mais derrière cette force, la fragilité n’a jamais cessé de rôder. En 2023, une opération d’urgence a bouleversé sa vie. De cette épreuve, elle tire une force neuve, presque mystique. Comme elle le confie au Guardian : « The closest I came to making life was the closest I came to death… And I felt like I had stepped through this door, and it was just full of women, screaming. » – (« Le moment où je me suis le plus approchée de donner la vie fut aussi celui où j’ai frôlé la mort… Et j’ai eu la sensation de franchir une porte pleine de femmes, hurlantes. »)
Dès lors, le ton est donné : Everybody Scream est un cri collectif, une renaissance à travers la douleur.

Créer dans l’urgence, vivre dans la peur

C’est dans ce chaos que l’album prend forme. Dans une interview à Vice, Welch admet : « There’s always a bit of me that wants to keep hiding — like, “No no no, I’m not ready, put it off.” This time, I challenged myself to not delay a record. I was like, “Just move through the fear and put it out.” » – (« Il y a toujours une part de moi qui veut se cacher — du genre “non non, je ne suis pas prête, repousse ça”. Cette fois, je me suis dit : avance à travers la peur, et sors-le.”)

Ainsi, Everybody Scream naît de la peur, mais ne s’y soumet jamais. Welch s’entoure alors de Mitski, Aaron Dessner (The National) et Mark Bowen (IDLES). Ensemble, ils sculptent un son brut et somptueux, où chaque note semble respirer. L’enregistrement, mené entre Londres et Nashville, se déroule, selon L’Officiel USA, « entre la ferveur mystique et le chaos du corps ». Ce climat d’urgence donne au disque une intensité rare.

Un opéra pop de la guérison

Dès le morceau-titre, le décor se plante. Everybody Scream s’ouvre sur des nappes d’orgue, puis explose en pulsation glam-rock. Welch y hurle : « Look at me run myself ragged / Blood on the stage / But how can I leave you when you’re screaming my name? » (« Regarde-moi m’épuiser / Du sang sur la scène / Mais comment te quitter quand tu hurles mon nom ? »). L’effet est immédiat : viscéral, libérateur.

Pour Consequence, « it’s maybe not the most accessible entry point for this new era, but when Welch commands, “Everybody Scream!”, it’s hard to resist » (« Ce n’est peut-être pas le point d’entrée le plus accessible, mais lorsqu’elle ordonne “Everybody Scream!”, il est impossible de résister. »). De son côté, Atwood Magazine décrit « an album both cathartic and enrapturing, where Florence cultivates beauty in the midst of vulnerability and pain » (« Un album cathartique et envoûtant, où Florence cultive la beauté au cœur de la vulnérabilité. »). Enfin, le Financial Times souligne « genuine vitality and strength in the songs’ flesh-and-blood confessionals » (« Une vitalité et une force authentiques dans ces confessions faites de chair et de sang. »).

Ainsi, chaque critique parle de la même chose : la puissance vitale du disque. Car derrière les orchestrations somptueuses, c’est la sincérité qui frappe. One of the Greats, Music by Men ou Witch Dance naviguent entre rock théâtral et confession nue. Tout y est à la fois immense et fragile, comme si la beauté tenait à un fil.

Le cri et la grâce

Au fil des morceaux, Welch s’éloigne du spectaculaire pour toucher à l’essentiel. Elle ne cherche plus à plaire, mais à dire. À dire la foi, la peur, la chair, la lumière. Comme le résume The Guardian : « On her sixth record, Florence Welch picks apart the compulsions and contradictions of fame — and discovers serenity in the wreckage » (« Sur son sixième album, Florence Welch démonte les obsessions et les contradictions de la célébrité — et trouve la sérénité dans les décombres. »).

Cette sérénité, c’est peut-être la vraie révolution du disque. Après l’excès, l’équilibre. Après le tumulte, le souffle. Everybody Scream se vit comme une traversée — celle d’une femme qui hurle, tombe, puis renaît, apaisée.

Hurler pour renaître

En somme, Everybody Scream n’est pas qu’un album. C’est un manifeste intime. Florence Welch y livre un cri d’amour, de foi et de vie. C’est un disque à écouter fort, les yeux clos, entre ombre et lumière. Et peut-être, pour l’accompagner, un verre rouge profond, une lumière tamisée, et la promesse que, parfois, hurler peut sauver.


Florence + The Machine : Everybody Scream (Polydor records – Republics records)

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