Le défilé Chanel printemps-été 2026 fut, sans conteste, le moment le plus attendu de cette Fashion Week parisienne. Après des mois de spéculations, Matthieu Blazy, ancien directeur artistique de Bottega Veneta, a enfin dévoilé sa vision. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas choisi la facilité.
Dès l’entrée, le ton était donné. Le Grand Palais s’était métamorphosé en une galaxie onirique, où des planètes géantes flottaient au-dessus des invités. Une scénographie spectaculaire, hommage à Karl Lagerfeld, mais aussi une déclaration d’intention : l’ère Blazy ne serait pas celle de la discrétion. Ainsi, Chanel entre désormais dans une nouvelle dimension, entre héritage et futurisme assumé.
Le tweed, emblématique de la maison, a servi de fil conducteur. Cependant, Blazy refuse la version classique. Il l’a effiloché, déstructuré, presque déconstruit. Les tailleurs, auparavant rigides, deviennent fluides et légers. Vestes aux épaules adoucies, jupes mini et jeux de transparence composent une silhouette moderne. Certains looks rappelaient le vestiaire masculin des années 1920, revisité pour une femme libre et audacieuse. En effet, les critiques ont salué cette prise de risque : « Il a osé, et cela fonctionne parfaitement », confiait une invitée à Huffington Post France.
Un hommage à Coco, revisité version 2026
Blazy n’a pas renié l’ADN de Coco Chanel, bien au contraire. Il en a extrait l’essence : liberté et élégance androgyne. Les silhouettes, inspirées de Boy Capel, l’amour de jeunesse de Gabrielle Chanel, révèlent une sensualité subtile. Les jupes fendues, les chemises associées à des plumes, ou encore les vestes aux manches retroussées traduisent une parfaite alliance entre tradition et innovation. De plus, cette dualité reflète la vision de Blazy : honorer le passé tout en embrassant l’avenir.
Si la presse et les invités ont été conquis, le véritable défi reste à venir : séduire les clientes. Après une baisse de 28 % de bénéfices en 2024, Chanel doit prouver qu’elle sait se réinventer sans perdre son âme. Or, avec cette première collection, Matthieu Blazy semble avoir relevé le défi. Il modernise les codes de la maison tout en respectant son héritage. Un équilibre subtil, mais essentiel, dans l’univers du luxe.
Autre surprise : la bande-son. Éclectique et générationnelle, elle mêlait The Corrs, MC Solaar et le générique de Dawson. Un choix inattendu mais cohérent. Ainsi, Blazy rappelle que Chanel n’est pas figée dans le passé. Elle parle aussi à une nouvelle génération de passionnés, plus connectée, plus libre, et plus diverse.
En somme, ce défilé était un pari audacieux. Celui d’entrer dans une nouvelle ère sans trahir les fondations de la maison. Et le résultat est clair : pari réussi. Cependant, reste à voir si cette audace se traduira en succès commercial. Une chose est sûre : après ce show, le monde de la mode attend la suite avec impatience.
Matthieu Blazy, un parcours d’exception
Né en 1984 à Paris, Matthieu Blazy est un créateur franco-belge au parcours exemplaire. Diplômé de La Cambre, il est repéré par Raf Simons, puis travaille chez Maison Martin Margiela, où il affine son goût pour l’expérimentation.
En 2014, il rejoint Celine, puis suit Raf Simons chez Calvin Klein avant de prendre la direction artistique de Bottega Veneta en 2021. Il y révolutionne l’image de la marque avec des créations audacieuses, comme les fameux jeans en cuir ou les sacs revisités.
Nommé à la tête de Chanel en décembre 2024, il devient le quatrième directeur artistique de la maison, après Gabrielle Chanel, Karl Lagerfeld et Virginie Viard. Dès lors, son arrivée marque un tournant : celui d’un créateur capable d’allier respect du patrimoine et regard contemporain. Avec ce premier défilé, Blazy prouve qu’il est l’homme de la situation — prêt à écrire le nouveau chapitre de Chanel.
Chanel – Collection Printemps/été 2026 par Matthieu Blazy