En 1990, s’engager dans les US Marines alors qu’on est un adolescent gay et harcelé relève soit du suicide social, soit d’un scénario de série Netflix. C’est exactement ce que fait Boots, une comédie dramatique inspirée du livre The Pink Marine de Greg Cope White. Ici, pas de glorification de l’institution militaire, mais une plongée dans ses contradictions, ses absurdités et ses moments de grâce inattendus.
Le pitch ? Cameron Cope, 18 ans, fuit sa vie de Louisiane pour suivre son meilleur ami Ray dans les Marines. Problème : l’armée américaine des années 1990 n’est pas exactement un refuge pour les homosexuels. Entre les instructeurs sadiques, les règles ubuesques et la pression de rester invisible, Cameron va devoir apprendre à survivre, à mentir, et peut-être même à s’affirmer.
Un mélange détonant : satire militaire et quête d’identité
Boots n’est ni un drame larmoyant ni une comédie potache. La série oscille entre scènes d’entraînement aussi terrifiantes que ridicules (un sergent qui hurle parce qu’une chaussette est mal pliée, vraiment ?) et moments de vulnérabilité où Cameron se demande s’il a fait le bon choix.
Le ton est donné dès les premiers épisodes : l’humour noir désamorce la tension, mais ne masquent pas la violence institutionnelle ni les dilemmes moraux des personnages. Les dialogues sont ciselés, les personnages secondaires haut en couleur, et l’ambiance rappelle ces années 1990 où le Don’t Ask, Don’t Tell n’était même pas encore une politique officielle. Résultat : une série qui parle d’identité, de résilience et de fraternité, sans jamais tomber dans le cliché.
Un réalisme qui ne sacrifie pas l’émotion
L’un des points forts de Boots réside dans son équilibre entre réalisme et sensibilité. Les scènes d’entraînement sont crédibles, les instructeurs terrifiants, et les recrues attachantes dans leur maladresse. Mais la série va plus loin : elle explore les conséquences psychologiques de l’enrôlement, les relations complexes entre les soldats, et surtout, la quête d’acceptation de Cameron. Vera Farmiga, dans le rôle d’une capitaine à la fois autoritaire et mystérieuse, apporte une dimension supplémentaire. Son personnage incarne cette ambiguïté de l’institution militaire : à la fois oppressive et protectrice, selon les moments. En définitive, Boots évite les écueils du mélodrame tout en restant fidèle à la réalité des camps d’entraînement des années 1990.
Pourquoi cette série détonne dans le paysage audiovisuel
À une époque où les séries militaires sont souvent soit trop héroïques, soit trop sombres, Boots propose une troisième voie : un récit humain, drôle et subversif. Elle aborde des thèmes comme l’homophobie institutionnelle, la pression sociale et la recherche de soi, le tout avec une ironie mordante qui rappelle que même dans les pires situations, l’humour reste une arme. Le casting, mené par Miles Heizer(Cameron), vu dans 13 reasons why, et Liam Oh (Ray), est juste et nuancé. Les acteurs parviennent à rendre leurs personnages à la fois crédibles et touchants, sans jamais basculer dans la caricature. Enfin, la série s’inscrit dans une tendance actuelle : celle des récits qui explorent les marges de la société avec intelligence et sensibilité.
Conclusion : Une série à ne pas manquer
Boots est une réussite : drôle, émouvante et terriblement réaliste. Elle prouve qu’on peut parler de sujets sérieux sans sacrifier l’humour ni l’émotion.
Boots : Disponible depuis le 9 octobre 2025 sur Netflix







