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Babylone de Damien Chazelle en ciné-concert

En octobre 2026, le Grand Rex rallume les projecteurs d’un Hollywood fantasmé et excessif. Babylone (Babylon), la fresque fiévreuse de Damien Chazelle, y sera projetée en ciné-concert les 23 et 24 octobre, accompagnée en direct par un orchestre dirigé par son compositeur Justin Hurwitz. Deux soirées annoncées comme un grand écart entre cinéma et musique live, où le chaos des années 1920 retrouvera son souffle originel, au cœur de la plus mythique des salles parisiennes.

Sorti en 2022, Babylone plonge dans le moment charnière où le cinéma muet bascule vers le parlant. Un âge d’or aussi fascinant que brutal, que Damien Chazelle filme comme une orgie permanente d’images, de sons et d’ambitions démesurées. Le récit suit une constellation de personnages pris dans cette transition violente, entre ivresse de la réussite et chute inévitable. Le film, long, excessif, parfois déroutant, a divisé à sa sortie, tout en s’imposant progressivement comme une œuvre culte pour une partie du public.

Brad Pitt dans son meilleur rôle, ou presque

Au centre de cette fresque baroque, Brad Pitt incarne Jack Conrad, star du muet confrontée à l’effritement de son aura, tandis que Margot Robbie électrise l’écran en Nellie LaRoy, actrice sans filtre, incarnation brute du rêve hollywoodien et de sa voracité. À leurs côtés, Diego Calva campe Manny Torres, jeune homme aspiré par la machine à rêves, témoin privilégié de ses splendeurs comme de ses dégâts. Autour de ce trio gravitent Jean Smart, chroniqueuse mondaine au regard acéré, Jovan Adepo, musicien pris dans les contradictions raciales de l’époque, et Li Jun Li, figure flamboyante des nuits hollywoodiennes. Ensemble, ils composent une galerie de destins broyés par la modernité naissante.

C’est précisément cette démesure que le ciné-concert promet de sublimer. Sur la scène du Grand Rex, la partition de Justin Hurwitz, déjà saluée pour son énergie jazz et son sens du vertige, sera interprétée en direct pendant la projection en version originale sous-titrée. Plus qu’un accompagnement, la musique devient ici un second récit, épousant chaque mouvement de caméra, chaque excès, chaque chute. Pendant plus de trois heures, l’image et le son se répondent, abolissant la frontière entre salle de cinéma et salle de concert.

Un endroit parfait : Le Grand Rex

Le lieu ajoute à l’événement une dimension presque symbolique. Avec sa voûte étoilée et son histoire intimement liée au spectacle vivant, le Grand Rex apparaît comme l’écrin naturel de cette résurrection sonore. Babylone, film sur la naissance du cinéma moderne, s’y rejoue comme un rituel, rappelant que le septième art est aussi une affaire de chair, de rythme et de vibrations collectives.

Ce retour en lumière agit enfin comme un miroir pour Damien Chazelle lui-même. Après l’échec commercial relatif de Babylone, malgré son ambition et son audace, le réalisateur a amorcé un virage. Loin des fresques tentaculaires, il développe aujourd’hui des projets plus resserrés, dont un drame carcéral en préparation pour Paramount, évoqué comme un contre-champ volontaire à la démesure hollywoodienne. Une manière de changer de tempo après avoir filmé l’ivresse jusqu’à l’épuisement.


Babylone de Damien Chazelle – Ciné concert avec Justin Hurwitz – 23 et 24 octobre 2026 au Grand Rex (Paris) – de 25 à 109 euros – Infos et billeterie

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