Un monde où l’élégance masculine se réinvente sans jamais se trahir. Un monde où les vêtements sont pensés pour durer et évoluer avec ceux qui les portent. Pendant trente-sept ans, c’est exactement ce qu’a accompli Véronique Nichanian pour Hermès. En janvier 2026, à 71 ans, elle présentera pourtant sa dernière collection pour la maison française. Ce moment marquera la fin d’une ère et l’ouverture d’un nouveau chapitre pour l’un des plus grands noms du luxe. Pourquoi ce départ est-il si important ? Et que présage-t-il pour l’avenir de la mode masculine chez Hermès ?
Trente-sept ans d’une direction artistique visionnaire
En 1988, Véronique Nichanian rejoint Hermès pour diriger les collections masculines. À l’époque, la mode pour homme évoque surtout les costumes rigides et les silhouettes strictes. Cependant, formée chez Cerruti, la créatrice décide de rompre avec ces codes. Son approche est simple : proposer des vêtements élégants, pratiques et adaptables à toutes les situations. Ainsi, elle invente le concept des « vêtements objets » : des pièces réversibles et transformables, pensées pour accompagner les hommes dans leur quotidien.
Prenons l’exemple de ses manteaux en laine ou en cuir, de ses vestes à multiples poches ou encore de ses chemises en soie. Chaque création se veut à la fois intemporelle et moderne. Les matières sont nobles et les coupes épousent le corps sans le contraindre. Son style ? Un mélange de sobriété et de raffinement. Les teintes terre, camel et ocre dominent, tandis que les détails — boutons en corne, doublures en soie — rappellent le savoir-faire exceptionnel de la maison.
En 2025, sa dernière collection, présentée à la Fashion Week de Paris, promet d’être un hommage à ces trente-sept années de création. « J’ai toujours voulu créer des vêtements d’aujourd’hui pour longtemps », a-t-elle confié au Figaro. « La mode masculine a été pour moi un terrain d’expression formidable. »
Un héritage majeur dans la mode masculine
Véronique Nichanian n’a pas seulement défini le style de l’homme Hermès. Elle a également influencé toute une génération de créateurs. Son travail, salué pour sa constance et son audace, a marqué durablement le secteur. Dans un univers où les directeurs artistiques changent souvent, elle a su maintenir une cohérence rare. Chez Hermès, elle a trouvé l’équilibre entre tradition et modernité. Elle a réinventé la silhouette masculine sans jamais trahir l’ADN de la maison.
Ses défilés automne-hiver 2024-2025 en sont une illustration parfaite. Elle y présente des manteaux en veau lustré, des pulls en alpaga et des vestes polyvalentes, imaginées pour un homme actif et élégant. « La silhouette vibre, animée d’une effervescence pop et ludique », expliquait-elle alors. « Les volumes sont acérés, les cabans courts, tandis que les manteaux enveloppants allongent la ligne. »
Son départ marque donc la fin d’un cycle. Cependant, il ouvre aussi la voie à un nouveau chapitre pour Hermès. La maison a déjà annoncé que son successeur serait bientôt nommé. Selon plusieurs rumeurs, il pourrait s’agir de l’un de ses proches collaborateurs, comme Benjamin Brett, qui travaille à ses côtés depuis de nombreuses années.
Un contexte de transition pour le luxe
Le départ de Véronique Nichanian intervient dans un moment charnière pour le secteur du luxe. En 2025, de nombreuses maisons redéfinissent leur direction artistique, à l’image de Dior, Gucci ou encore Chanel. Chez Dior, Jonathan Anderson vient d’être nommé à la tête des collections femme et homme : une première dans l’histoire de la maison. Chez Gucci, Demna, ancien de Balenciaga, prend les rênes. Quant à Chanel, Matthieu Blazy poursuit son travail d’évolution stylistique.
Hermès, de son côté, traverse cette période avec sérénité. La maison a vu son chiffre d’affaires progresser de plus de 7 % au premier semestre 2025, atteignant huit milliards d’euros. Ce contexte favorable montre que le départ de Nichanian ne traduit aucune fragilité. Il s’agit plutôt d’une transition naturelle pour une maison en pleine expansion. Par ailleurs, Axel Dumas, gérant du groupe, a récemment évoqué la possibilité d’explorer la haute couture d’ici 2026 ou 2027. « Nous voulons continuer à innover et à surprendre nos clients », a-t-il déclaré.
Et après ?
Quoi qu’il en soit, son empreinte restera indélébile. « Je quitte la maison avec joie et fierté », a-t-elle confié. « J’ai eu la chance de bénéficier de trente-sept ans de liberté de création. » Et de conclure : « Je suis très fière d’avoir créé des vêtements qui accompagnent les hommes dans leur vie. »
Pour les fidèles de la marque, le dernier défilé de Véronique Nichanian, prévu le 24 janvier 2026 à Paris, s’annonce émouvant. Ce sera un hommage à une créatrice qui a durablement marqué la mode masculine et qui laisse derrière elle un héritage inestimable.
Hermès : 24 rue du faubourg St Honoré, 75001 Paris







