Dans l’écrin minéral de la Garde républicaine, Hermès a transformé son défilé en ode à la Camargue, ses horizons sans fin et ses chevaux libres. Sous la direction de Nadège Vanhée-Cybulski, la collection Printemps-Été 2026 compose un dialogue entre héritage équestre et liberté insolente. Le cuir n’y est plus un simple matériau : il devient une seconde peau, souple et sensuelle. Les harnais, jadis réservés aux selles, épousent désormais les silhouettes comme une promesse d’audace.
Les pièces phares ? Des fourreaux en cuir ciré, des vestes courtes aux épaules structurées, des bermudas audacieux et des foulards métamorphosés en tops légers, noués avec désinvolture. La palette, sobre et chaleureuse, oscille entre marron tabac, sable doré, rouge vif et bleu nuit — autant de touches lumineuses dans un univers où chaque détail compte. Les matières dialoguent : cuir matelassé, soie fluide, lin brut. Les coutures sellier rappellent un savoir-faire artisanal qui, chez Hermès, relève presque du sacré.
Les robes, souvent près du corps, semblent dessinées pour des femmes en mouvement ; les vestes courtes évoquent les redingotes des cavaliers. Les accessoires complètent le tableau avec une élégance discrète : bottes d’équitation revisitées, ceintures XXL, sacs en cuir souple portés comme des trophées. Même les bijoux, inspirés des mors et des étriers, ajoutent une ironie poétique à des silhouettes qui flirtent avec les codes du luxe sans jamais s’y soumettre.
Quand la mode rencontre le militantisme
Hermès, mais aussi PETA, font le show. Devant les portes du défilé, des militantes déguisées en policières ont protesté contre l’usage du cuir, brandissant la pancarte : « Hermès, la cruauté n’est pas chic. » Une performance qui, malgré l’intervention rapide des forces de l’ordre, a résonné comme un rappel des enjeux contemporains du luxe. Pourtant, une fois les lumières allumées, seule demeure l’élégance intemporelle — rigoureuse, poétique et maîtrisée.
Les mannequins avancent sur une piste parsemée de coquillages, entre terre et mer, tradition et modernité.
Pourquoi cette collection fascine-t-elle autant ? Parce qu’elle incarne une attitude : des femmes à la fois classiques et rebelles, sages et sensuelles. Hermès ne vend pas seulement des vêtements — il vend une philosophie. Celle d’un luxe porté avec aisance, qu’on arpente les pavés parisiens ou les plages de Camargue. Une collection manifeste qui rappelle que l’élégance n’a pas de frontières, seulement des horizons à explorer.
« Utilité sublimée. » — Who What Wear
Échos critiques & regard de la presse
- WWD salue « une fluidité rare dans le cuir » et une « réinterprétation du harnais en symbole de féminité moderne ».
- W Magazine parle d’une “master class in leather and lightness”, une leçon de douceur dans la force.
- The Impression décrit une sensualité brute et noble, “où chaque couture dit la liberté”.
- Vogue souligne l’ancrage français de cette “western élégance” : la Camargue en contrepoint du Far West.
Si Hermès demeure attaché à ses savoir-faire traditionnels, la question de la durabilité plane toujours sur son univers. Le cuir, travaillé à la main et poli selon les techniques de sellerie, reste au cœur du débat.
Les observateurs notent une recherche de légèreté et de longévité plutôt qu’une révolution matière. “Faire durer le désir, c’est aussi une forme de durabilité”, glisse un critique du WWD. Une réflexion qui résume parfaitement la philosophie Hermès : créer l’intemporel avant le durable.





Hermès : Collection Printemps / été 2026