Sorti le 5 décembre 2025, Live God capture la tournée mondiale 2024–2025 qui suivait l’album Wild God. Plus qu’un simple disque live, c’est une traversée de pierres brûlantes et de murmures tremblés, la relique d’une série de concerts où le groupe, porté par un public en prière debout, se réinventait chaque soir. Consequence le présente comme “a document of a band in full flight”, un témoignage d’un groupe en plein vol, et l’expression convient parfaitement : Live God touche à l’incandescence. Le groupe sera en concert au Festival Rock en Seine le 28 août 2026
Dès les premières secondes, l’espace se charge : un halètement de basse, une voix qui n’avance plus avec la douceur d’antan mais avec une gravité qui éclaire chaque syllabe. Parmi les nombreuses captures du Wild God Tour, celle de l’Accor Arena à Paris, en 2024, semble avoir servi d’ossature au disque, une salle où les Bad Seeds ont, selon Les Inrocks, livré “peut-être l’un des plus beaux concerts qu’il nous ait été donné d’assister”, un moment de liturgie noire et d’électricité contenue.
L’album s’inscrit dans cette énergie. 13th Floor parle d’“an album that captures the communal energy of the acclaimed Wild God Tour”, un album qui saisit l’énergie collective de la tournée Wild God. Rien ici n’est figé : Nick Cave avance, tend la main, recule, explose, murmure ; Warren Ellis tisse autour de lui des nappes organiques qui ressemblent parfois à des vents, parfois à des prières. Sur l’album, les morceaux anciens retrouvent une vie nouvelle. The Irish Times évoque “a stunning double album, one of the greats”, un double album époustouflant, l’un des grands lives de ces dernières années. La remarque n’est pas excessive : Live God n’a rien du best-of tiède. C’est un témoignage de survie, de feu, d’artisanat scénique.
Les voix de la lumière
L’une des surprises du disque est cette manière qu’a Nick Cave de faire cohabiter l’exaltation et la fragilité. Dans Live God, les morceaux récents, “Wild God”, “Frogs”, “Joy”, s’emboîtent avec grâce aux classiques : “From Her to Eternity”, “The Mercy Seat”, “Into My Arms”. The Fire Note note que l’album offre “a powerful snapshot of Cave and the Bad Seeds in full stride, balancing raw intensity with moments of startling tenderness”, un instantané puissant du groupe à pleine puissance, équilibrant intensité brute et tendresse saisissante.
Ce jeu d’équilibre est le cœur du disque. On y entend la voix de Cave trembler puis rugir, se perdre avant de revenir, comme si la scène était devenue un organisme vivant. La fosse chante, répond, s’agenouille, se relève. La lumière, au sens propre, avec les projecteurs, et au sens figuré, dans l’écriture et la tension émotionnelle, traverse Live God comme un faisceau continu. Le lien avec le public y est presque charnel. The Times décrit ce Cave-là comme “a supernatural showman and a visceral poet”, un showman surnaturel et un poète viscéral, évoquant Elvis pour la présence, Leonard Cohen pour la profondeur. Cette tension, profane et sacrée, électrique et apaisée, irrigue chaque titre.
Cathédrale en mouvement
Contrairement à beaucoup d’albums live qui se contentent de juxtaposer les titres, Live God construit un récit. Il avance, s’étire, respire. Consequence précise que le disque rassemble 18 titres (15 selon certaines éditions), captés tout au long de la tournée de 2024–2025. Ce n’est pas une reconstitution lisse : plutôt une mosaïque brute où l’on entend la fatigue, la rage, la communion, la beauté imparfaite d’un groupe qui refuse d’être une institution nostalgique.
Les Inrocks parlent d’un “showman à l’intensité inégalable” qui “transforme l’arène en sanctuaire”. L’expression résume le projet : faire d’un concert un rite. Live God n’est pas un disque documentaire : c’est une cathédrale de sons mouvants, une scène transformée en nef, où chaque crescendo ressemble à une marche et chaque silence prend la forme d’une prière.
La foi du doute
Depuis la fin des années 1970, Nick Cave traverse le rock comme un conteur de ténèbres et de clartés. D’abord avec The Birthday Party, puis à la tête des Bad Seeds, il impose un univers où la littérature, la foi, la rage et l’abandon cohabitent dans une tension permanente. Les Bad Seeds, groupe à géométrie mouvante mais à âme fixe, l’ont accompagné pour créer certains des albums les plus marquants des dernières décennies : Tender Prey, Let Love In, Skeleton Tree, Ghosteen, Wild God. Avec Live God, ils prolongent leur quête : transformer la scène en monde, et le monde en scène.
Nick Cave & The Bad Seeds : Live God (Bad Seeds ltd / Pias) – Sortie le 5 décembre 2025
En concert au Festival Rock en Seine le 28 août 2026 – Infos et billeterie







