Sorti le 28 novembre 2025, Don’t Tease Me With A Good Time marque le retour tant attendu de Jessie J, huit ans après son dernier album studio. Conçu entre Los Angeles et Londres, façonné au fil d’une période de bouleversements personnels, le disque oscille entre blessures et éclats, entre doutes et soulagements. Sa gestation lente en fait un objet rare : non pas le comeback spectaculaire d’une star pop, mais le journal vibrant d’une femme qui a dû tomber, puis recommencer. Comme l’écrivait uDiscoverMusic lors de son annonce, l’album rassemble “a deeply personal body of work shaped over five years”, une œuvre profondément personnelle façonnée sur cinq années.
L’ouverture de l’album pose immédiatement le cadre : voix mise à nu, production minimaliste, intention frontale. Jessie J plonge dans un langage de vérité, celui qui ne contourne pas la douleur mais la regarde en face. Pendant la création du disque, elle a traversé une fausse couche très médiatisée et un long rétablissement vocal. Tout cela affleure dans l’écriture, parfois comme un frisson, parfois comme un aveu direct.
Les producteurs qui l’accompagnent, Ryan Tedder, Jesse Boykins III, Los Hendrix, Marty Maro, ne cherchent pas à la polir mais à la révéler. Leurs textures, souvent discrètes, laissent circuler la confession, le souffle, la fragilité. Selon EnvertMedia, le disque s’avance comme “a multi-genre tapestry of grief, healing and empowerment”, une tapisserie plurielle de chagrin, de guérison et de puissance retrouvée. Il n’y a pas de premier degré naïf ici. Jessie J ne chante ni pour séduire ni pour retrouver sa couronne pop. Elle chante parce que c’était le seul moyen de continuer.
Les voix de la lumière
L’un des sommets émotionnels du disque, No Secrets, porte sans détour l’ombre intime qui l’a traversée. Cette chanson, déjà saluée par plusieurs médias avant la sortie de l’album : “a deeply vulnerable reflection on grief”, une réflexion profondément vulnérable sur le deuil. La puissance de Jessie J est là : dans cette manière de tenir la note malgré la déchirure qu’elle raconte, dans cette façon de transformer la douleur en matière respirable.
Pour autant, l’album ne s’abandonne jamais à la noirceur. Il la traverse pour atteindre un autre territoire. Des morceaux comme Living My Best Life ou Believe In Magic renouent avec une forme d’exubérance contrôlée, un optimisme nuancé qui s’appuie sur le groove, la soul, et des refrains qui semblent ramasser la lumière au creux des doigts. Apple Music présente même le disque comme “a celebration of resilience and rebirth”, une célébration de la résilience et de la renaissance. On y entend une femme qui se relève, qui trébuche encore un peu, mais qui avance — une femme qui découvre que la joie peut revenir, même timidement.
Cathédrale en mouvement
Dans sa construction, Don’t Tease Me With A Good Time évite l’écueil du récit linéaire. L’album respire par zones, par cycles, comme s’il suivait les phases d’un convalescent. Les morceaux dansants ne masquent pas la fragilité ; ils s’y adossent. Les ballades ne cherchent pas le pathos ; elles se tiennent dans l’honnêteté la plus nue. Jessie J y retrouve un art qu’on avait parfois oublié : celui d’être sincère sans ostentation, d’être pop sans fard, d’être performeuse sans armure.
Les critiques anglo-saxonnes évoquent un album “crafted from the ashes of heartbreak”, forgé dans les cendres du chagrin. Mais le terme cendres est trompeur : ce disque brûle encore. C’est une œuvre-passerelle, écrite entre deux vies, qui transforme le chaos en architecture sonore, la perte en geste, et la fatigue en éclat.
Le corps, la voix, la vérité
Née Jessica Cornish à Londres, Jessie J s’impose dès le début des années 2010 avec Price Tag, Domino ou Who You Are, devenant l’une des voix les plus reconnaissables de la pop mondiale. Après l’explosion de ses premiers succès, elle explore la soul, le R&B et les performances scéniques de haute intensité. Sa carrière connaît ensuite une pause marquée par des épreuves personnelles et des questions identitaires qui redéfinissent sa trajectoire. Avec Don’t Tease Me With A Good Time, Jessie J revient sans artifice : une artiste qui ne veut plus jouer un rôle mais dire la vérité, qui n’a plus besoin de prouver qu’elle sait chanter mais seulement qu’elle sait ressentir. Un retour qui ne cherche pas l’effet, mais l’âme.
Jessie J : Don’t Tease Me With A Good Time (Jessie J – D.A.P)







